Alors que nous faisions nos premiers pas dans le village Émeraude, à mi-chemin entre appréhension et excitation, je me rappelle encore de mon impression devant le portail rouge du village. Les cris des enfants, essayant tant bien que mal de déplacer ces deux immenses plaques de métal, puis leurs regards rivés vers la voiture : il se chuchotaient « Vazaha, vazaha ! ». Quelques instants plus tard, les filles du foyer Grande-Ile apprenais déjà à Anna les rudiments du jeu de cailloux Kachu, tandis que la chef de site, Mme Nirina, nous rappelais que nous étions la première équipe de centraliens à rester plus d’un mois au village. Ce n’est que plus tard que nous avons compris que c’était une chance inouïe.
Après une petite semaine, les travaux commencent à Rubis. Perchés sur les murs d’enceintes, nous nous imprégnions de la vie quotidienne de ce grand village : le repas se prépare derrière le foyer Rossignol, les poussins s’entraînent pour la finale de foot, les filles se coiffent et se tressent… Les jours passent, et avec l’aide des grands garçons du FGAG, les barbelés — servant à protéger le village des vols — gagnent du terrain.
Chaque après-midi, nous proposons aux enfants des activités manuelles ou sportives avec le matériel ramené de France, et je ne cesse de m’émerveiller devant leur patience et leur créativité. Les quelques ballons de baudruche distribués semblent immanquablement les combler de joie. Les pelotes de laine s’amincissent à vue d’œil tandis que les bracelets se multiplient sur les poignets des enfants, filles comme garçons. Aussi, les éducateurs nous aident à organiser de grands jeux d’extérieurs qui animent les villages entiers pour quelques heures, où courent les enfants inépuisables sous un soleil d’hiver malgache très agréable.
Les jours se suivent, mais ne se ressemble pas. Le 14 juillet, jour de fête, nous entraine dans d’inoubliables heures de danse. Quel honneur d’entendre l’hymne français chanté par les enfants ! Notre trop court passage à Madagascar se conclut par la sortie aux geysers d’Ampefy avec les deux villages. Quelques heures de taxi-brousse, les enfants la tête au vent pour mieux profiter des paysages qu’ils découvrent souvent pour la première fois, puis finalement les voir se baigner dans des bassins d’eau et d’argile qu’ils ne veulent quitter sous aucun prétexte (même déjeuner !).
Il ne nous reste qu’une semaine, avant de devoir se dire au revoir, c’est peut-être l’épreuve la plus difficile à laquelle nous devrons faire face durant cette expérience.
Ronan, Ecole Centrale Paris